Port du rosmeur Douarnenez

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#1 2010-12-24 19:39:55

socrate
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Douarnenez : Carte d'identité 1) DOUARNENEZ AVANT 1850

L'intégralité de l'étude sur l'identité Douarneniste se prêtant difficilement à une conversation suivie, il m'a semblé plus judicieux de segmenter ce travail afin de faciliter la discussion chapitre par chapitre.
Débutons cette quête de l'identité douarneniste par la période précédent le mi XIXième siècle .....Suivrons chronologiquement par période de quinze jours les différents chapitres 

1) DOUARNENEZ  AVANT  1850

Petite trêve maritime de la paroisse rurale de Ploaré, Douarnenez devient commune en 1790. C'est alors la plus petite commune du Finistère, en dehors des îles, avec ses 70 ha.

L'activité portuaire y règne en maître. Douarnenez est en effet le port d'une baie poissonneuse permettant aux siens d'en vivre toute l'année. L'originalité n'est pas mince. Il s'agit même d'une exclusivité sur la côte bretonne. Ici, nul marin paysan.

Tout l'espace de cette commune, peuplée, en 1832, de 3500 habitants, dont 600  pêcheurs, est organisé à des fins maritimes. Embryon de cales et de quais, terres vaines et vagues utilisées en sécheries de filets et en chantiers de construction navale, presses nombreuses dans les caves ou ateliers disséminés sur tout le territoire. Les cales du Rosmeur, où débarquent les pêches, forment le centre de la ville-port. Les ruelles et chemins y descendent. La petite ville s'organise, étagée, autour de ce noyau. Partout les odeurs, la saumure, l'huile de sardine, les bruits, enveloppent espaces publics et privés. La rentrée des bateaux est visible de partout. Le débarquement des pêches se déroule au coeur de la ville. Il n'y a aucune segmentation fonctionnelle de l'espace, aucune rupture spatiale.
                          1850             
Tout comme l'espace, le temps est alors rythmé par des pêches à la saisonnalité très marquée. Des bancs de sprats pénètrent dans la baie... tous au sprat ! La sardine est revenue, tous à la sardine... Le travail du poisson commande et impose, parfois, de longues périodes d'inactivité. N'ayant pas de terre à travailler, le marin désoeuvré trouve dans le groupe, dans la boisson aux ravages terribles, les ferments d'une communauté aux réactions spasmodiques.

La saisonnalité maritime est originale et ne saurait être comparée à celle des champs. Certes, des facteurs communs entrent en scène, liés aux saisons ou à la météorologie. Mais s'ajoute un autre phénomène, non maitrisable comme les précédents, les caprices de poissons migrateurs dont personne ne parvient à comprendre les illogismes. Pourquoi déserte la sardine ? Autre différence, tout aussi importante, l'abolition des coupures entre nuit et jour, en période de pêche. Quand le poisson donne, il faut sortir, très tôt dans la nuit, parfois tard le soir. La vie du marin n'a rien des régularités de la terre. « Vivre avec la mer, malgré elle et parfois contre elle, c'est toujours vivre à son rythme qui ne saurait être tout à fait celui des autres » (Cabantous, 1986).

La trêve portuaire de Douarnenez devient commune en 1790 suite à un combat mené à cette fin par ses marins et bourgeois des presses. La commune épouse les limites du port... Mais une autre consécration est demandée par la communauté maritime, l'érection au rang de paroisse, l'obtention du titre curial. Tout le siècle résonne de cette lutte entre deux mondes que beaucoup sépare. Il faut attendre 1875 pour que Douarnenez ait gain de cause. Depuis fort longtemps la trêve maritime fait entendre ses différences. Le souvenir des prédications de Dom Michel Le Nobletz y est ravivé au cours du XIXème siècle par ses successeurs. C'est vrai qu'il a vécu là 22 années, relayé ensuite par le père Maunoir. Les bénédictions de la mer, occasion de processions très fortement suivies par la population, expriment la foi de cette population qui apprendra à prendre ses distances avec le clergé.
                         Dz
Autre fête, attestée durant la première moitié du XIXème siècle, le carnaval, ici appelé « les gras ». Marquant pour le calendrier catholique l'entrée en carême, il symbolise également la fin des pêches d'hiver et le lancement de la campagne du maquereau. Le carnaval, au XIXème siècle, est la fête des marins, des équipages. C'est une date importante, symbolique, dans le calendrier des pêches, le début d'une année nouvelle. Une promesse.

La relation à l'autre, à l'altérité, est vécue à Douarnenez de deux façons, sur terre, sur mer. Tournant le dos à la ville, sur la ria de Port Rhu, presqu'isolé, se niche un petit port de commerce où arrivent les bois des bateaux et les rogues des sardines. Les étrangers nombreux qui y accostent ne fréquentent pas, ou très peu, l'autre versant de la presqu'île.   

Sur terre, les relations de Douarnenez avec ses voisins ruraux sont particulièrement difficiles. On se rappelle qu'en 1840, les habitants du Juch, distant de 3 km, décrivent « les grandes difficultés » qu'ils ont à se rendre à la ville, « surtout en hiver, à cause du mauvais état des chemins ». Titulaire de marchés et de foires, Douarnenez accueille régulièrement paysans de Ploaré et de Tréboul qui l'approvisionnent en produits de la terre. Cette fréquentation nourrit leur mépris et leur dédain pour tous ces paysans qui n'osent s'affronter aux incertitudes de la mer. « Il y avait quelqu'un au pardon ? Non, rien que des paysans ! » Les Douarnenistes, marins séparés du sol, revendiquent d'autant plus leur originalité que leurs voisins, tous leurs voisins sur le pourtour de leur baie, cultivent des champs quand eux affrontent les risques et parfois les drames. N'omettons pas une autre altérité, majeure et décisive : la mer démontée, la tempête. Des barques chavirent, souvent, et les péris en mer forment caste au silence assourdissant. Ce silence lourd, pesant, qui fonde communauté de destin. Ce silence qui résonne à jamais dans les coeurs des vivants.

Récapitulons, très synthétiquement, quelques unes des originalités repérées plus haut. Le temps est dicté par le travail du poisson, l'aménagement de l'espace est imposé par l'activité maritime, l'isolement relatif se traduit par des pratiques religieuses parfois originales et la maintenance de fêtes non pratiquées alentour, la différenciation par rapport au voisinage est très marquée. De nombreux critères démontrent que Douarnenez est alors une ville-port, vivant, sans prosélytisme, son identité maritime. Mais entendons-nous bien. Cette identité maritime, que l'on peut repérer là, ne concerne pas toute la population de la ville. Il n'y a pas de communauté douarneniste clairement marquée englobant tous les individus vivant sur ces parcelles de terre. Comment, en effet, unir d'un rapide élan les bourgeois des presses, parlant et lisant le français, assidus d'une Chambre de lecture aux écoutes du monde, parcourant déjà l'Europe littorale à la recherche de rogue ou de marchés sur lesquels écouler la sardine pressée, et les marins-pêcheurs qui s'entassent sur les ruelles sales du port ? Même sol, certainement, et des revenus issus d'activités liées à la mer. Mais pour le reste ? Ni la langue, ni l'organisation du temps, ni l'habit, ni les pratiques sociales ne les unissent en une entité commune. « Les lieux qui parlent ne le font pas de la même manière en fonction de l'âge, du sexe... ou de l'activité professionnelle » (Claval, 1993). Seuls ces marins-pêcheurs, que rien ne distingue, forment, ensemble, communauté. Elargir celle-ci aux confins de la ville serait illusoire et mensonger.

[...]

Des informations,des photos des critiques sur la période Douarnenez avant 1850 ? N'hésitez pas, exprimez-vous.

L'article dans son intégralité ici


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2010-12-24 19:39:55

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Re : Douarnenez : Carte d'identité 1) DOUARNENEZ AVANT 1850



#2 2010-12-25 11:24:32

zibulon
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Re : Douarnenez : Carte d'identité 1) DOUARNENEZ AVANT 1850

Paysan Marin même combat.......C'est incroyable cette fracture entre ces deux catégories de travailleurs qui exercent pourtant  un métier en relation avec le milieu naturel!!!En quoi le privilège de vivre de la mer, qui justifie une profonde humilité envers elle, autoriserait il tant de mépris vis-à-vis des paysans eux aussi confrontés à la rudesse des éléments?Comment peut on être humble devant la nature(la mer) et méprisant devant une fraction de ses créatures(le monde paysan)?

Dernière modification par zibulon (2010-12-25 14:58:14)

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#3 2010-12-26 19:23:54

zibulon
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Re : Douarnenez : Carte d'identité 1) DOUARNENEZ AVANT 1850

Douarnenez :70 Hectares en 1790!!!!C'est grossièrement la superficie d'une exploitation agricole dans la plaine du Porzay.....N'en déplaise aux seigneurs de la mer.Mais l'explication de cette petitesse est simple si l'on se rapporte au sens étymologique du mot Douarnenez en breton=Douar an Enez=la terre de l'ile.....L'ile étant l'ile Tristan et Douarnenez n' étant que  la dépendance terrestre de cette ile ou existait au XVIème siècle un prieuré.

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#4 2010-12-26 20:19:20

socrate
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Re : Douarnenez : Carte d'identité 1) DOUARNENEZ AVANT 1850

Imaginez cette population agglutinée à deux pas du Rosmeur,vivant dans une promiscuité tenue,souvent à 10 dans un 10 mètre carré,dotée d'un système d'évacuation sanitaire désuet,quasi dénuée d'hygiène à l'échelon individuel qui plus est immunodéprimée par malnutrition, alcoolisme et privée du moindre antibiotique(le premier la Pénicilline a été introduit par les Américains en 1945)......Telle l'allumette dans la botte de foin ,le moindre germe même quasi inoffensif générait le feu épidémique dans ce bouillon de culture......En 1888 la Variole a tué 288 personnes à Douarnenez!

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#5 2010-12-29 21:25:17

zibulon
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Re : Douarnenez : Carte d'identité 1) DOUARNENEZ AVANT 1850

Il a souvent été dit en parlant de Douarnenez que son apparent point fort (sa baie) était sa principale faiblesse!!!!A y réfléchir  en effet cette baie comparée souvent à un lac(celui de Tibériade en particulier),si poissonneuse,véritable garde manger au pas de la porte des marins du Rosmeur et de leurs familles,comparable à un  cocon ou une matrice maternelle, comment ce havre de sécurité si évident physiquement et visuellement permettrait il de se projeter dans un futur incertain et surement périlleux au delà de son périmètre???Quelle angoisse a du vivre cette communauté lorsque dame sardine a décidé un jour de s'aventurer plus au large,il fallait du jour au lendemain entreprendre,imaginer des solutions annexes de repli,chose difficile lorsque l'auto-suffisance paraissait si évidente.

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