Port du rosmeur Douarnenez

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#1 2011-01-22 20:12:47

socrate
Membre
Inscription : 2010-10-29
Messages : 10

Douarnenez : Carte d'identité 3) L'ENTRE- DEUX- GUERRES...

De cette période on retient deux phénomènes majeurs de l'histoire locale,d'une part la diminution de la ressource sardinière et d'autre part l'après "grande guerre" avec son lot de souffrance à assimiler...L'identité douarneniste s'y construit dans la douleur.

3) L'ENTRE- DEUX- GUERRES : ADAPTATION ET RESISTANCE

Le vingtième siècle commence dans les drames. A partir de 1902, la crise sardinière. Ensuite la guerre. Autant dire qu'en 1920 Douarnenez aura basculé dans un nouveau monde.

La réponse à la crise sardinière est multiple. C'est la fin de l'homogénéité des flottilles. La pêche au thon, au maquereau, ou à la langouste se développent, ainsi que l'usage des palangres. La communauté maritime s'adapte et adopte un complexe et passionnant calendrier de pêches saisonnières, unique sur l'ensemble du littoral. Ils sont plus de 4000, les inscrits maritimes douarnenistes, à vivre cette vie originale et variée qui les mène à pratiquer, au cours de l'année, plusieurs métiers. Par le nombre de ses marins, Douarnenez est alors le premier port français.

      Thonnier dz

En même temps, Douarnenez s'arc-boute sur son organisation artisanale. Quand l'Etat propose des crédits, pour la construction d'un grand port en côte atlantique, les Douarnenistes palabrent à n'en plus finir, de 1919 à 1927. Les crédits ministériels rejoindront alors Lorient Kéroman. En effet, rien n'est pire que la remise en cause de cet édifice social original, basé sur une pratique communautaire de pêches artisanales et saisonnières. Certes, les nouvelles pêches imposent des bateaux plus grands, pontés, plus adaptés à des mers lointaines. Se met en place un efficace système de recherche de quirataires, mobilisant les capitaux locaux. Le patron reste embarqué. Il continue à partager la vie de ses hommes. Peu à peu la chaloupe ancestrale est abandonnée. Pas un mot, pas une ligne sur cette évolution logique. Il ne restera bientôt plus une seule de ces embarcations. Plus une seule. Jamais ce fait n'est alors noté, encore moins regretté. Le patrimoine maritime, au sens actuel, n'existe pas. On oublie vite un navire de pêche, quand il est remplacé par un autre navire de pêche. La notion de patrimoine naît quand rode la fin d'un monde. Notons néanmoins une première rupture dans l'organisation du calendrier. La pêche à la langouste qui projette nos bateaux vers la Mauritanie, le Maroc, l'Amérique latine... n'est pas pêche saisonnière. On s'y livre toute l'année. Le poisson ne dicte plus, seul, sa loi sur l'organisation du temps.

Par le nombre de ses marins, par l'originalité du travail des femmes qui, ici, sont des ouvrières, par l'inextricable réseau de solidarités manifesté par le système de quirataires où les patronnes de bistrots ont une influence forte, l'écheveau social a des mailles particulièrement serrées, et, surtout, homogènes. Et quand le groupe doit manifester sa cohésion, sa force, cela donne les grèves de 1924, grand moment de l'histoire sociale et politique. « Pemp real a vo » chantent les femmes d'usine. Une formidable grève de la misère, menée, tambour battant, par un maire atypique, ancien anarchiste à la voix de stentor, Le Flanchec, exceptionnel orateur, formé chez les frères, ciselant ses discours avec des mélanges de latin de cuisine et de breton savoureux. Pour le faire taire, on tente de l'assassiner. Il s'en relèvera. En attendant, le bras qui a tiré, adepte des premières ligues fascistes, était financé par les usiniers. Une autre altérité s'impose, en un registre différent des paysans, l'usinier. Altérité classique, en monde industriel, plus forte ici en l'absence de classes sociales intermédiaires. Le château du négociant est là, tout près, ourlé dans son parc et son mépris pour des femmes exploitées comme au XIXème siècle. Quand Charles Tillon arrive à Douarnenez, c'est Zola qui lui remonte au coeur.


Originalité du type d'industrie, le rôle des femmes. En 1905, pour des revendications d'un autre ordre, elles avaient mené la grève. Il s'agissait alors d'être payé à l'heure et non au mille de sardines. Ce mouvement ne symbolisait-il pas l'entrée dans le salariat ? Certes, dès la fin du XIXème siècle des grèves avaient éclaté, mais elles étaient alors principalement oeuvres d'hommes, les soudeurs. Depuis, très régulièrement, le port enfle de cris et de revendications, où les femmes prennent la meilleure part. La troupe est souvent réquisitionnée et le port, comme d'autres, hérite d'une image de ville insoumise, foyer révolutionnaire aux agitations spasmodiques. Il n'en reste pas moins que l'identité de la ville, déjà morcelée, se fracture encore davantage. Les différences, hier existantes, sont maintenant organisées, orchestrées. Lors des élections municipales, on ne s'adresse pas aux Douarnenistes, mais aux camarades ou aux  braves gens. Comment parler encore de communauté ?

Durant la période, la structure urbaine de la ville évolue peu. Le desserrement progressif de l'habitat se traduit cependant par une « colonisation » maritime de Ploaré. La municipalité de Douarnenez demande même, régulièrement, l'annexion de parties importantes du territoire de sa voisine. Le caractère exclusif de l'habitat maritime subit là ses premières fissures importantes. Les vagues primitives de trop plein s'étaient répandues sur les espaces alentour. Des vagues entières se sont ensuite ébrouées sur Paris, Le Havre, le Nord et la Belgique. Dorénavant, la population ne cessera plus de diminuer. L'heure de la décrue démographique est engagée. Avec elle vient la dilution d'un espace qui se banalise...

Les conserveries, elles aussi, tentent de s'adapter. Après les florissantes années d'enthousiasme qui attiraient les populations vers ces eldorados de la sardine, vient le temps des crises et des difficultés. Le nombre d'ateliers ou d'usines diminue. Le travail y est toujours dicté par la sardine qui impose les jours et les heures de travail. Les femmes doivent venir, à l'appel de l'usine, quand le poisson est là. Le jour, mais aussi la nuit. On chantera, alors, pour moins sentir le poids de ces heures qui passent si lentement.


Voir l'originale : http://kervelplage.free.fr/forum/viewtopic.php?id=42

Dernière modification par socrate (2011-01-22 20:17:37)


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2011-01-22 20:12:47

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Postier Douarneniste

Re : Douarnenez : Carte d'identité 3) L'ENTRE- DEUX- GUERRES...



#2 2011-01-25 22:20:34

mauve
New member
Inscription : 2010-12-08
Messages : 3

Re : Douarnenez : Carte d'identité 3) L'ENTRE- DEUX- GUERRES...

Cette tranche de vie de l'histoire locale douarneniste de l'entre deux guerres constitue une nouvelle illustration  de son immobilisme viscéral.....Comment peut on imaginer que Douarnenez au sortir de la guerre 14-18 alors premier port sardinier de France refuse la manne financière proposée par l'état en vue de sa modernisation(Lorient ne s'en est pas fait prier...)?Si l'on fait un parallèle avec le présent probablement pour les mêmes raisons que des voix ce sont levées contre le projet d'un camping de luxe au bois d'Isis....Cette ville donne l'impression de souffrir d'un inconscient collectif qui la paralyse dans la recherche du progrès et lui permettant de trouver toujours les mauvaises raisons la conduisant à l'immobilisme (sport national local)

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#3 2011-01-28 16:58:47

jean
Membre
Inscription : 2010-10-05
Messages : 14

Re : Douarnenez : Carte d'identité 3) L'ENTRE- DEUX- GUERRES...

c'est peu être un atout maintenant car le port de douarnenez garde un coté authentique et a beaucoup plus charme que le port de lorient à mon gout

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